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« Il leur faut de l’humain »
Le capitaine Marc, de la 2e compagnie, a vécu cet événement. Il est une légende parmi les « barons » du régiment, qu’il quitte, lui aussi, pour d’autres fonctions, après huit ans. Le chant allemand de l’unité, le Westerwald, composé en 1932, vient de résonner. « Il n’y a nulle part pareille relation humaine », répète le capitaine, ému de devoir tourner le dos à ses pairs. En guise de cadeau, les légionnaires ont fabriqué pour lui un spectaculaire autel de bois orné de quatre saint Michel d’or pour abriter son képi blanc d’ancien soldat. « Le 2e REI, ce n’est pas un job. C’est une vie. »
Le médecin-chef Xavier, de retour d'opération du Mali, écoute un discours du chef de corps, avant de pouvoir déjeuner, à Nîmes, le 31 juillet. EDOUARD ELIAS POUR « LE MONDE »
Sur le chemin du retour, les légionnaires ont passé deux jours isolés dans les Alpes, pour subir les tests du coronavirus. Depuis le Mali, le major Joselito n’a pas cru à cette pandémie jusqu’à ce que sa femme lui envoie une vidéo des rues vides de Nîmes. « Le Covid, ce n’est pas notre monde », lâche le sergent anglais Greg en souriant. Il le sait maintenant, à la Légion, « on est ensemble. On fait tout ensemble. On vit ensemble ». Au « 2e étranger », on se serre dans les salles communes étouffantes, Covid ou pas.
« Ils viennent de leur guerre, pour eux ce n’est rien, et il faut le comprendre », estime le major José, 59 ans, qui, à l’arrière, s’est occupé des familles. Lui a laissé sa femme partir seule au Portugal pour l’été. D’autres légionnaires ne pourront rejoindre les leurs sans risquer de rester bloqués dans leur pays, qui au Népal, qui au Brésil. « Il leur faut de l’humain », poursuit le major José de sa voix forte, et très grave. « Cette histoire de distanciation sociale, on a du mal. Nous sommes incompatibles avec ça. Il faut la fraternité, pour réamalgamer ces hommes qui ont été séparés pendant cinq mois. »
Un traditionnel déjeuner est organisé en l'honneur de la passation de commandement de la première compagnie, les Légionnaires ont posé leur képi pour la pause. Nîmes, le 31 juillet EDOUARD ELIAS POUR "LE MONDE"
Le capitaine Marc a franchi la grande grille d’entrée avec ses médailles et son képi. Sa musette aussi, débordant comme le veut la tradition de légumes – céleri, poireaux, poivrons. « On dit du 2e REI qu’il est un rouleau compresseur, une usine de combat, une machine de guerre. Mais, si c’était une machine, je ne serais pas si triste aujourd’hui », vient-il de lancer en guise d’adieu.
Le capitaine Marc, de la 2e compagnie, a vécu cet événement. Il est une légende parmi les « barons » du régiment, qu’il quitte, lui aussi, pour d’autres fonctions, après huit ans. Le chant allemand de l’unité, le Westerwald, composé en 1932, vient de résonner. « Il n’y a nulle part pareille relation humaine », répète le capitaine, ému de devoir tourner le dos à ses pairs. En guise de cadeau, les légionnaires ont fabriqué pour lui un spectaculaire autel de bois orné de quatre saint Michel d’or pour abriter son képi blanc d’ancien soldat. « Le 2e REI, ce n’est pas un job. C’est une vie. »
Le médecin-chef Xavier, de retour d'opération du Mali, écoute un discours du chef de corps, avant de pouvoir déjeuner, à Nîmes, le 31 juillet. EDOUARD ELIAS POUR « LE MONDE »
Sur le chemin du retour, les légionnaires ont passé deux jours isolés dans les Alpes, pour subir les tests du coronavirus. Depuis le Mali, le major Joselito n’a pas cru à cette pandémie jusqu’à ce que sa femme lui envoie une vidéo des rues vides de Nîmes. « Le Covid, ce n’est pas notre monde », lâche le sergent anglais Greg en souriant. Il le sait maintenant, à la Légion, « on est ensemble. On fait tout ensemble. On vit ensemble ». Au « 2e étranger », on se serre dans les salles communes étouffantes, Covid ou pas.
« Ils viennent de leur guerre, pour eux ce n’est rien, et il faut le comprendre », estime le major José, 59 ans, qui, à l’arrière, s’est occupé des familles. Lui a laissé sa femme partir seule au Portugal pour l’été. D’autres légionnaires ne pourront rejoindre les leurs sans risquer de rester bloqués dans leur pays, qui au Népal, qui au Brésil. « Il leur faut de l’humain », poursuit le major José de sa voix forte, et très grave. « Cette histoire de distanciation sociale, on a du mal. Nous sommes incompatibles avec ça. Il faut la fraternité, pour réamalgamer ces hommes qui ont été séparés pendant cinq mois. »
Un traditionnel déjeuner est organisé en l'honneur de la passation de commandement de la première compagnie, les Légionnaires ont posé leur képi pour la pause. Nîmes, le 31 juillet EDOUARD ELIAS POUR "LE MONDE"
Le capitaine Marc a franchi la grande grille d’entrée avec ses médailles et son képi. Sa musette aussi, débordant comme le veut la tradition de légumes – céleri, poireaux, poivrons. « On dit du 2e REI qu’il est un rouleau compresseur, une usine de combat, une machine de guerre. Mais, si c’était une machine, je ne serais pas si triste aujourd’hui », vient-il de lancer en guise d’adieu.